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Lorsqu’on suit les discussions de la jeunesse camerounaise parlant de ses problèmes, la cause la plus couramment évoquée est que « Le gouvernement ne fait pas grand chose pour nous; c’est lui le responsable de notre déchéance ».  PoncepilatismeD’autre part, dans les discours du gouvernement, les actions menées en faveur de la jeunesse sont nombreuses et la tendance est à « Nous avons fait notre part, c’est à la jeunesse de faire sa part ». 
On assiste alors à une situation où, tandis que la jeunesse cherche des boucs émissaires pour justifier son échec, le gouvernement s’en lave les mains, ceci ayant pour conséquence, une jeunesse crucifiée sur la colline de l’unijambisme et dont le troisième jour, jour de sa résurrection, tarde à arriver…

A qui la faute ?! Peine est perdue à tenter de répondre à cette question d’autant plus que trouver le coupable ne résoudra pas le problème.  Il pilule ça et là des débats sur les problèmes, leur gravité, leurs origines, les responsables, les causes et tout ceci s’achève presque toujours par « ce que les autres devraient faire » pour que ces problèmes soient résolus. Comprenons-nous: Si vous venez et trouvez votre maison en train de brûler, vous faites quoi en premier? Vous cherchez les voies et moyens pour éteindre le feu d’abord? Ou vous vous asseyez pour attendre les pompiers, tout en vous plaignant du fait qu’ils ne soient pas assez efficaces? Et si ces pompiers ne viennent pas, ou arrivent en retard, bien quand vous aurez réussi à démontrer leur culpabilité, cela vous rendra-t-il vos biens? Tout se passe comme si la jeunesse camerounaise se plait à démontrer que son gouvernement est incompétent, comme cela, ça les disculpe de leur responsabilité dans leur échec personnel. La situation du pays est devenue le prétexte idéal pour justifier pourquoi ils passent leurs journées devant la télévision, en discussion dans les groupes WhatsApp, à dormir, à exceller dans l’art de la drague, à ne manquer aucune occasion de rencontres alcooliques, à perfectionner la science de l’escroquerie ou à mettre la pression sur leurs parents pour qu’ils financent soit leur départ pour l’étranger ou leur entrée dans la fonction publique par tous les moyens.

Hélas, cette jeunesse oublie que justifier un échec n’y change rien! Elle ignore trop souvent que pour leur succès le gouvernement n’a qu’un rôle d’accompagnement et non de principal acteur. De ces faits, je pense que la véritable question qui doit se poser quant à l’état de la jeunesse camerounaise n’est pas « pourquoi est-elle ainsi ? » mais « qu’est ce qu’elle peut faire elle-même pour remédier à cet état là ? ». D’accord, vous me parlerez des insuffisances du gouvernement et de la petitesse des moyens que possède la jeunesse. Attardons-nous un peu sur ce qui est fait du « insuffisant» que le gouvernement met à leur disposition : Les fonds de financement destinés aux jeunes sont chaque année détournés par ces mêmes jeunes, qui une fois les avoir encaissés s’en servent pour financer leur voyage à l’étranger, tandis que d’autres les investissent dans des projets qui n’ont rien à voir avec les business plans soumis initialement.

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Des structures et mécanismes d’accompagnement des jeunes ont été mis en place, fonctionnent, mais leur taux de sollicitation reste faible, et parmi ceux qui y vont, très peu continuent le processus parce qu’ils le trouvent « trop difficile ». D’autre part, qu’une jeunesse soit née, ait été nourrie, scolarisée, qu’elle organise ou se paye autant d’évènements de loisir, qu’elle ait une aussi forte consommation d’alcool et de tabac, qu’elle trouve autant de moyens pour s’exiler, le tout sans l’intervention de l’Etat, et vous me dites qu’elle manque de moyens pour se développer ?! Moi, j’y vois plutôt un mauvais placement de ses ressources, une mauvaise conception de ce qu’est le développement, une sous-exploitation de ses atouts. Regardez-les lorsqu’ils veulent organiser une fête collective en leur honneur : créatifs, engagés, solidaires, inépuisables, assidus, forts, aux ressources illimités. Ils partent de rien et produisent la plus belle fête de leur jeunesse ; le tout, sans l’intervention de l’Etat ! C’est à ce génie là que je fais allusion pour dire que de la même façon qu’un groupe d’étudiants prennent en main l’organisation du festival de leur faculté sans l’intervention de l’administration universitaire, la jeunesse doit prendre son destin en main et solliciter l’Etat pour la soutenir et non pour la pousser.

Le développement commence par le bas et dépend entièrement de la force, du dynamisme et de la volonté du peuple. Aucun gouvernement, aussi fort soit-il, aussi juste soit-il, aussi généreux ou intelligent soit-il n’a la capacité de tirer à lui seul sa population, car, c’est le peuple qui fournit les moyens au gouvernement et non l’inverse, toute tentative inverse débouchant sur des crises économiques ingérables. Il est temps que les jeunes camerounais comprennent que pour rendre ce pays émergent, il faut et il suffit que chacun d’eux se batte pour réussir dans sa vie personnelle, car, la richesse d’un pays se mesure à la somme des richesses individuelles de ses citoyens. Qu’ils arrêtent de croire qu’avec le temps et l’effort des autres le pays va se développer et ils pourront en jouir ; Qu’ils prennent conscience que leur échec personnel ne fera du mal à personne d’autre plus qu’à eux-mêmes ! C’est chacun qui est seul responsable de son échec ou de son succès, les personnes qui sont censées l’y aider ne sont que des facteurs facilitant et non des facteurs déterminants.  Il est donc opportun que la jeunesse camerounaise s’organise, mobilise les voies et moyens autour d’elle pour se développer, car, même s’il l’on admet que le gouvernement ne fait pas assez pour elle, nous parlons bien des jeunes filles et garçons qui ont des pères et des mères, donc, qui ne sont pas seuls dans cette tâche ardue qui est de se frayer une place au soleil.

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